Loir-et-Cher : ces assistants familiaux qui font avancer les enfants dans la vie
“Le handicap peut faire peur, mais comme on est bien accompagné par le service, ça se fait et on ne se sent pas seul”, reconnaît Agnès, assistante familiale depuis vingt-quatre ans. Après un licenciement en 1996, cette mère de famille a fait un bilan de compétences, révélant une fibre médico-sociale.
Elle confie à son mari vouloir devenir famille d’accueil, puis entreprend les démarches. L’agrément en poche, elle postule dans différents services. C’est avec l’Association des centres éducatifs et de sauvegarde des mineurs et jeunes majeurs (Acesm) qu’elle va travailler. « Entre l’obtention de l’agrément et l’accueil d’un premier enfant, il s’est passé neuf mois, le temps d’une grossesse. L’aventure a commencé avec une petite fille de 3 ans et demi, se souvient Agnès, alors âgée de 30 ans. Elle est arrivée juste avec un doudou, sans d’autres affaires. Le service nous a dit ce qu’il savait de son histoire. Il a fallu l’apprivoiser au départ. Elle est restée sept ans chez nous, jusqu’à ce je privilégie ma famille avec l’arrivée de mon troisième enfant. »
Agnès poursuit son activité d’assistante familiale en prenant le relais de collègues les week-ends et les vacances. « Puis on m’a confié des grands adolescents. C’était plus facile pour ma vie de famille. » A un moment donné, Agnès s’est retrouvée sans travail, sans enfant à accueillir. « J’ai alors été licenciée en 2002. Le chef de service de l’époque est venu me voir et m’a dit de déchirer ma lettre de licenciement pour me réembaucher aussitôt. J’allais accueillir un enfant de 18 mois avec un gros retard de développement. Mes enfants l’ont stimulé. Il a progressé mais il avait de gros troubles. Il nous a mangés ! Il est resté 7 ans. Je n’étais pas habilitée à prendre en charge un tel handicap psychique. J’ai vu mes limites professionnelles. Il aurait fallu des relais pour le week-end, pour souffler en famille. » Agnès va reprendre goût au métier en accueillant ensuite chez elle des adolescents. « Il faut se laisser porter par le jeune en l’observant, en repérant ce dont il a besoin. »
« Il était temps de revaloriser cet accueil »
Patricia fait ce métier depuis un an et demi. Après dix ans à travailler dans l’hôtellerie-restauration, il était temps pour elle de changer de voie. « Devenir assistant familial sommeillait en moi depuis un moment. Mon conjoint m’a suivi dans ce projet. Quand j’ai obtenu mon agrément, on m’a donné une liste d’employeurs. Avec ma fille de 3 ans, le service du Placement familial spécialisé me faisait peur, mais rapidement on m’a rassurée. »
Xavier Prevost, chef du service du Placement familial spécialisé (PFS), reconnaît que le métier a beaucoup évolué, donnant un vrai statut à l’assistant familial. « Il y a une obligation de se former pendant 18 mois qui ouvre au diplôme d’État. » La prise en charge d’un enfant dépendant du PFS équivaut à deux agréments avec la rémunération qui va avec. « Il était temps de revaloriser cet accueil, souligne Agnès, qui plus d’une fois a eu envie de mettre les voiles. Mais je ne sais faire que ça ! C’est un métier où on a une grande liberté d’action, mais à côté ma vie sociale est complètement anéantie. Tout est pensé autour de l’accueil de l’enfant. »
Pour ses débuts, c’est un garçon de 12 ans qu’on a confié à Patricia : « C’était un peu dur au début, mais aujourd’hui il s’est bien intégré chez nous. C’est une réussite. Il est comme un grand frère pour ma fille. Il fait partie de la famille. Mon but : faire avancer l’enfant dans la vie. C’est un engagement que je ne regrette pas du tout. Comme l’enfant est facile, je m’y retrouve dans ma vie sociale. »
Le Placement familial spécialisé ouvre ses portes jeudi 1er octobre, de 10 h à 16 h 30, au 12, rue Sainte-Anne, à Blois. Tél. 02.54.51.48.07.
ARTICLE DE LA NR // Publié le 29/09/2020
Catégorie : Vie de l'association